« La mixité sociale n’évacue-t-elle pas le débat sur d’autres politiques possibles ? »

10/06 – 450 – ASH 02/07/10 – p.38-39
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Il est salutaire de s’interroger sur des notions qui semblent dégager du consensus et cette « mixité sociale » a parfois des airs d’incantation : on peut se reporter à un autre entretien dans le n° 10/4 : Rénovation urbaine : les quartiers changent mais pas la population et un entretien sur la mixité sociale

Entretien avec M. Charmes, enseignant Institut français d’urbanisme

- Pourquoi remettre en question la nécessité de favoriser la mixité sociale, plutôt consensuelle ?

  • La ségrégation spatiale existe depuis longtemps (banlieue rouge …) mais devient problématique
    • à cause du chômage (quartiers populaires devenus pauvres)
    • et du déficit de logements sociaux.
  • La ségrégation spatiale a des effets négatifs pour ceux qui la subissent mais les études montrent que la diminution de l’effectif dans les classes est plus efficace que la mixité sociale (principe des ZEP)…

- Le mélange des populations ne favorise-t-il pas le lien social ?

  • Il ne résout pas tout : il peut aussi engendrer des conflits surtout quand les gens n’ont pas les moyens de quitter un immeuble ou un quartier.
  • Les « bourgeois bohèmes » vivent très bien dans les quartiers populaires mais c’est un choix et ils ont des ressources, économiques et culturelles : pour les habitants qui sont à terme chassés de quartiers embourgeoisés, c’est plus difficile…
  • Dans le modèle haussmannien, la proximité spatiale était compensée par la distance sociale : dans une société devenue plus égalitaire, on « compense par de la distance spatiale ».
  • On pourrait réfléchir aussi à d’autres politiques, par ex la redistribution.

- On pourrait promouvoir un développement communautaire dites-vous…

  • À la différence du développement local où l’initiative vient d’en haut dans le développement communautaire elle vient des gens eux-mêmes.
  • Il y a une réelle absence de représentation de ces populations, les programmes démolition / reconstruction véhiculent l’idée qu’ils sont à éliminer, le discours sur les grands ensembles est caricatural : on renvoie des images « d’une grande violence symbolique ».
  • Il faut que la ville se renouvelle mais chaque fois que l’on détruit, on détruit aussi de l’histoire, de l’identité et les relogements ne vont pas de soi.