Entretien avec M. Charmes, enseignant Institut français d’urbanisme
Pourquoi remettre en question la nécessité de favoriser la mixité sociale, plutôt consensuelle ?
- La ségrégation spatiale existe depuis longtemps (banlieue rouge …) mais devient problématique
- à cause du chômage (quartiers populaires devenus pauvres)
- et du déficit de logements sociaux.
- La ségrégation spatiale a des effets négatifs pour ceux qui la subissent mais les études montrent que la diminution de l’effectif dans les classes est plus efficace que la mixité sociale (principe des ZEP)…
Le mélange des populations ne favorise-t-il pas le lien social ?
- Il ne résout pas tout : il peut aussi engendrer des conflits surtout quand les gens n’ont pas les moyens de quitter un immeuble ou un quartier.
- Les « bourgeois bohèmes » vivent très bien dans les quartiers populaires mais c’est un choix et ils ont des ressources, économiques et culturelles : pour les habitants qui sont à terme chassés de quartiers embourgeoisés, c’est plus difficile…
- Dans le modèle haussmannien, la proximité spatiale était compensée par la distance sociale : dans une société devenue plus égalitaire, on « compense par de la distance spatiale ».
- On pourrait réfléchir aussi à d’autres politiques, par ex la redistribution.
On pourrait promouvoir un développement communautaire dites-vous…
- À la différence du développement local où l’initiative vient d’en haut dans le développement communautaire elle vient des gens eux-mêmes.
- Il y a une réelle absence de représentation de ces populations, les programmes démolition / reconstruction véhiculent l’idée qu’ils sont à éliminer, le discours sur les grands ensembles est caricatural : on renvoie des images « d’une grande violence symbolique ».
- Il faut que la ville se renouvelle mais chaque fois que l’on détruit, on détruit aussi de l’histoire, de l’identité et les relogements ne vont pas de soi.