Laïcité et pratiques appliquées à la Prévention Spécialisée

- En tant que travailleurs sociaux, en tant qu’éducateurs vous exercez une fonction. Vous représentez le service public, ce qui entraîne des obligations, dont celle de neutralité, puisque vous représentez l’intérêt général.

  • L’attitude laïque est une attitude de respect qui n’impose pas un point de vue, c’est aussi une attitude d’hospitalité à l’égard de tous les jeunes, pour garantir l’égalité des chances, sans séparation en raison de l’origine ou de l’appartenance, réelle ou supposée.

- Cette démarche s’inscrit dans la logique des droits de la personne, c’est-à-dire avec un travail d’individualisation.

  • Il y a toute une réflexion critique à mener contre les stéréotypes dans les attitudes et les représentations des professionnels.
    Nous en sommes tous victimes à un moment donné.

- On ne peut pas accepter ce que l’on observe dans certaines cantines scolaires :

  • « ceux qui ne mangent pas de porc, les musulmans, à cette table ». Qu’ils ne mangent pas de porc c’est un choix, mais qu’ils soient à une table à part, n’est pas acceptable.
  • On ne peut pas pratiquer une assignation identitaire qui conduit à une ségrégation.

- Comment respecter la parole des jeunes ?

  • Une parole doit toujours être resituée dans son contexte, mais il faut aider les jeunes à trouver une expression qui ait un statut, une reconnaissance. Quels que soient les supports : théâtre, ateliers d’écriture, récits d’expérience …
  • La vraie démarche laïque doit permettre qu’un jeune « arrive à sortir de lui-même SA vision du monde pour aboutir à SON projet ».
    C’est le libre choix mais encore faut-il le favoriser.

- Comment se découvrir ensemble un bien commun ?

  • Il a fallu un long et laborieux travail pour entrer avec des jeunes non catholiques dans la cathédrale de St-Denis : ils pensaient qu’ils n’en avaient pas le droit.
  • Le fait qu’ils aient pu penser cela signifie un certain échec de l’enseignement à transmettre un socle commun de savoirs et de valeurs.

- Mais pour approcher le pluralisme et le « bien commun », il faut aussi travailler sur les relations intergénérationnelles.

  • Les familles des jeunes avec lesquels nous travaillons sont les premières à avoir des problèmes de communication avec leurs enfants : on ne traite pas seulement une classe d’âge ; on travaille avec des jeunes dans leur environnement familial et social.
  • Les petits-enfants des OS de l’île Seguin ne savaient rien de leurs grands-parents, alors nous sommes remontés avec eux dans le passé de leur famille ; ils y ont découvert la dignité de leurs grands parents, leur courage, leurs difficultés de vie et la joie des solidarités ou du partage avec des personnes d’autres origines, de grands moments de générosité et de fraternité.
    Cela permet d’établir des liens avec les questions qu’ils se posent aujourd’hui.

- Comment faire prendre conscience du pluralisme et participer à la solidarité ?

  • Lorsque l’on dit à un adolescent « Tu as le droit de penser cela… mais peux-tu penser que d’autres voient les choses autrement ? » et que la phrase est entendue, alors on est déjà sur le chemin de la démocratie et de la laïcité.
    A vrai dire, ceux qui rejettent la diversité ce sont ceux qui se croient détenteurs d’une vérité absolue.

- Comment sortir de la victimisation ?

  • C’est la condition première.
  • Si on pense que l’on sera éternellement discriminé et qu’il y a une sorte de fatalité, l’émancipation de la pensée et la libération de la sensibilité ne sont plus possibles.
  • Selon la formule du sociologue américain Erving Goffman, certains jeunes en arrivent à « revendiquer d’être stigmatisés pour exister ».