Projet de service

Extraits du projet d’établissement

1.2. Les valeurs associatives, l’histoire de l’établissement

Les valeurs...

  • L’action des services s’inscrit au cœur des valeurs associatives de l’ADDAP13. Les administrateurs qui se sont succédés au Conseil d’Administration ont fait entrer la Prévention Spécialisée dans le champ de l’Aide Sociale à l’Enfance. Le Conseil Général est désormais chargé de son contrôle et de son financement. Le partage des compétences Etat/Département ainsi que le lancement de la politique de la Ville déterminent alors pour l’association de nouveaux modes de fonctionnement. En juin 1987, la FCEP devient l’ADDAP. En 1988 une convention est signée entre l’ADDAP et le Conseil Général 13. 10 ans plus tard, en 1998, une refonte de la convention formalisant le partenariat avec le Conseil Général, induit une dynamique nouvelle au sein de l’établissement qui optimise ses modes d’organisation : les savoir faire des sites (devenus des services) structurent le travail en équipe, un centre de ressources se met en place (siège), des outils de management et de gestion innovants (suivi d’activités, qualification des territoires, observation des publics…) propulsent l’établissement au rang des institutions modernes. En 2001, l’ADDAP13 se rapproche du CNLAPS (Comité National de Liaison des Associations de Prévention Spécialisée) en vue de la préparation des Assises de la Prévention Spécialisée à Marseille en 2002.

Aujourd’hui, l’ADDAP13 intervient sur 82 points de travail répartis dans 20 communes du département ainsi que sur la Communauté de Communes Rhône Alpilles Durance.*

*Voir le schéma d’implantation des équipes en annexe.

1.3. Le cadre légal et réglementaire - Les missions de l’établissement

1.3.1 Le cadre réglementaire

Il est important de rappeler des textes qui fondent la Prévention Spécialisée.

  • Les ordonnances du 2 février 1945 relatives à l’enfance délinquante
  • Le décret du 7 janvier 1959 relatif à la protection sociale de l’enfance en danger
  • Les circulaires du ministère de la santé du 20 avril 1959 et du 3 septembre 1960 ayant permis les premiers financements d’actions de Prévention Spécialisée ;
  • L’arrêté du 1er mai 1963 structurant les activités des clubs et favorisant les actions de prévention de l’inadaptation sociale
  • L’arrêté interministériel du 4 juillet 1972 qui a donné un socle réglementaire à la Prévention Spécialisée
  • La loi de décentralisation du 22 juillet 1983 qui a maintenu la Prévention Spécialisée au sein du secteur de l’Aide Sociale à l’Enfance ;
  • La loi particulière du 6 janvier 1986 qui a inscrit explicitement la Prévention Spécialisée dans la loi
  • La loi du 2 janvier 2002 rénovant les institutions sociales et médico sociales qui a intégré la Prévention Spécialisée dans le champ de l’aide sociale à l’enfance ;
  • L’ordonnance du 1er décembre 2005 qui ajoute les établissements de Prévention Spécialisée à la liste des établissements sociaux et médico-sociaux (L 312 du CASF).

1.3.2. Les missions de l’établissement

La raison d’être de l’établissement est de pouvoir aider les jeunes (11-21 ans) exclus de toutes les structures de droit commun et présentant une inadaptation sociale. La stratégie éducative que les équipes mettent en place face à cette situation est d’éduquer dans la rue. Les professionnels interviennent auprès de ces jeunes sans mandat judiciaire, dans le respect de l’anonymat et selon le principe fondamental de la libre adhésion. De manière globale, l’établissement contribue à la paix sociale en luttant contre la violence, contre toute forme de marginalisation et d’exclusion, contre la montée du sentiment d’insécurité.

Le projet visé de l’établissement repose sur la volonté des équipes à aider les populations en marge du droit commun, de retisser du lien social dans les quartiers en difficultés, de servir de relais entre la rue et les structures de droit commun.

Pour cela, l’ADDAP13 déploie des actions de prévention à partir de trois modes d’intervention :

  • La présence sociale
  • L’accompagnement éducatif individualisé
  • Le développement social local.

Présence sociale – Travail de rue Il s’agit d’une démarche de présence auprès des jeunes, dans leur milieu, alors que ces derniers n’ont manifesté aucune demande. Il s’agit d’assurer une présence sociale en allant vers ces jeunes et sur leurs lieux de vie. Cette présence peut permettre parfois de désamorcer les conflits avec les commerçants, les gens du quartier, les gardiens… et de faciliter une certaine régulation. Les éducateurs investissent les lieux occupés par les jeunes, grâce à une présence régulière, fréquente, au moment où les jeunes sont présents. Les professionnels développent des attitudes d’écoute, d’observation, sans s’imposer et avec discrétion. L’objectif est de connaître le quartier, son fonctionnement, ses habitants, de créer les conditions d’un contact et de faire naître des relations de confiance.

Accompagnement éducatif individualisé : La relation de confiance établie, l’offre éducative peut venir de l’éducateur ou une demande d’aide peut être exprimée par le jeune. L’éducateur va mettre en place un accompagnement individualisé pouvant relever d’un soutien psychoaffectif, d’un soutien sur le plan relationnel, d’un soutien à la mise en œuvre du projet du jeune (scolaire, professionnel, sanitaire…). Les professionnels peuvent être amenés à intervenir également auprès des familles, lorsque cela est possible, en participant au renforcement de la fonction parentale (conseil, accompagnement, déculpabilisation…)

Développement social local Au sein d’un quartier, l’établissement apporte son soutien à des groupes (associations) en valorisant des initiatives collectives, des projets, en encourageant les actions mises en œuvre. Il s’agit de mobiliser les « énergies » du quartier afin de créer des dynamiques dans lesquelles les jeunes vont s’inscrire. Pour combattre le risque du « quartier ghetto », l’établissement insuffle et accompagne des initiatives pour ouvrir vers de nouveaux « services » (ateliers, nouvelles associations, régie de quartier, groupement…). La coopération et le partenariat avec d’autres structures locales sont également essentiels. Le travail avec les autres structures intervenant sur le même territoire permet d’établir les transitions nécessaires entre les besoins du jeune et les réponses possibles sur un territoire donné.

II. Les besoins des publics accompagnés - Les objectifs d’intervention

2.1. Lieux d’implantation et caractéristiques de la population suivie

211. Lieux d’implantation

Les équipes de l’ADDAP13 se répartissent sur 20 communes : Marseille, La Ciotat, Aubagne, Allauch, Plan de Cuques, Septèmes, Aix-en-Provence, Gardanne, Salon, Vitrolles, Pennes Mirabeau, Arles, Tarascon, Châteaurenard, Saint Martin de Crau, CCRAD (communauté de 9 communes Rhône, Alpilles, Durance), Miramas, Istres, Port Saint Louis, Martigues, Port de Bouc. et une Communauté de Communes : Communauté de Communes Rhône – Alpilles - Durance (CCRAD)

212. Caractéristiques générales de la population suivie

212. A. Les jeunes

Il s’agit de publics jeunes exclus ou se sentant exclus qui ne croient plus à l’efficacité des dispositifs, qui n’ont pas confiance dans les institutions. Les discours de l’ANPE, de la mission locale, du juge, du proviseur n’ont pas de sens pour eux, ne sont pas compris. Ils sentent qu’ils ne peuvent accéder aux services qui pourtant sont mis en place pour eux. Les dispositifs d’insertion ne parviennent pas à fidéliser ces jeunes en difficultés. On les voit s’inscrire dans des conduites à risques parfois délictuelles. Les habitants du quartier sont en butte aux conduites agressives des jeunes, les familles sont désemparées face aux comportements incontrôlables de leurs enfants.

Il s’avère difficile d’aider ces jeunes car ils ne conduisent aucune démarche vers les professionnels, ils ne prennent pas rendez-vous, ils ne se déplacent pas et peuvent stopper la relation avec l’éducateur à n’importe quel moment.

Les besoins de ces jeunes sont très hétérogènes, allant des préoccupations familiales ou scolaires pour les plus jeunes jusqu’aux soucis d’insertion sociale et professionnelle pour les autres. La tendance depuis quelques années est au rajeunissement et à la féminisation. Le public féminin fréquentant moins l’espace public, est plus difficile à rencontrer.

Notons que plus de 90% des jeunes relèvent de l’ASE (13/21 ans). La tranche d’âge de 13/17ans est en hausse (36% en 2000 pour 43 % en 2006).

La situation des plus de 21 ans est très préoccupante sur le plan matériel car ils sont trop âgés pour l’ASE et trop jeunes pour bénéficier du RMI.

L’aggravation des problèmes de comportement sur le plan scolaire, judiciaire ou psychologique et la faiblesse des réponses en matière d’insertion sociale (logement, hébergement et d’emploi) sont majeurs.

212. B. Les familles et les habitants du quartier

Il s’agit de personnes vivant dans des lieux où la précarité économique et sociale est majoritaire. La vie quotidienne est envahie de difficultés de tous ordres. (Conditions de logement dégradées, difficultés financières, conditions d’éducation des enfants complexes). 70% des familles avec lesquelles travaille l’établissement sont des familles nombreuses. Pour autant, toutes ne sont pas en difficulté du point de vue éducatif : nombre d’entre elles font face et misent de manière forte sur l’éducation et l’avenir de leurs enfants.

Une famille sur deux est bénéficiaire du RMI avec une surreprésentation du phénomène en secteur marseillais. 60% d’entre elles sont des familles monoparentales. C’est la plupart du temps la maman qui élève seule ses enfants. Ces mamans doivent assumer seules toutes les fonctions familiales et économiques. Le statut de famille monoparentale peut permettre aussi de disposer d’aides financières minimales pour assurer la survie du ménage.

Lorsque les mamans travaillent, les emplois qu’elles occupent ne permettent pas toujours d’assurer une présence éducative en dehors du temps scolaire ce qui peut avoir pour effet soit de laisser livrés à eux mêmes les enfants, soit de les confier à l’enfant le plus âgé de la fratrie.

Les autres familles bénéficient pour la plupart des minima sociaux dont RMI . Les familles sont de plus en plus nombreuses à nous solliciter (1319 en 2000 / 2018 en 2006) ; cela s’explique en partie par la disparition progressive du tissu social et associatif sur les lieux d’intervention.

Dans les quartiers, le sentiment général des habitants est que le quartier n’appartient plus à la ville, les habitants se sentent abandonnés, relégués. La vie associative s’essouffle, les pratiques de solidarité s’estompent, au profit d’une demande accrue d’assistance. Pourtant, cette population reste mobilisable, entraide et respect de l’autre demeurant des valeurs fondamentales solides susceptibles de mobiliser les énergies à condition que ces dernières trouvent des vecteurs adaptés.

2.2. Analyse des besoins

221. Les territoires : caractéristiques

  • 221. A : Territoires à forte concentration urbaine (Marseille) L’émergence des quartiers à forte concentration urbaine a été la réponse à un accueil massif de population. Ce mouvement a répondu à un besoin de main d’œuvre, à la migration de populations et au rapatriement lié aux évènements d’Afrique du Nord. Ces habitants se sont fondus progressivement dans la population de l’agglomération marseillaise. Avec l’arrivée de la crise des années 70/80 ces populations ont été remplacées par une population fortement touchée par le chômage et donc totalement captive. Les dernières hausses du prix du marché de l’immobilier renforcent cette situation. Les cités d’urgence de l’époque sont encore debout. Ces logements sociaux sont doublement concentrés sur les "quartiers nord de Marseille" et sur le 11ème arrondissement le long de la vallée de l’Huveaune. Ce type d’habitat favorise l’émergence de cités ghettos : classe d’habitation où se mêlent cités d’habitat social, type HLM, mais aussi zones pavillonnaires. Cela entraîne de fortes concentrations de populations. Le centre ville de Marseille, en pleine mutation, reste pour l’instant une concentration de quartiers populaires avec habitat ancien. La mutation amorcée éloigne les populations défavorisées vers la périphérie de Marseille, massivement vers les quartiers Nord. L’application de la Loi Solidarité et Renouvellement Urbain ne respecte pas l’équilibre Nord/Sud. Ce même phénomène crée des déséquilibres et des inégalités au niveau de la répartition des équipements sportifs et centres d’animation. Les communes extérieures à Marseille se sont souvent développées à proximité de zones d’activités économiques (Mines de Gardanne, chantier naval de la Ciotat, zone industrielle de Fos et plus largement autour de l’Etang de Berre). Ce territoire se démarque notamment grâce à des zones d’activités importantes à l’Est (La Valentine), à l’ouest (zone portuaire et Grand littoral) et avec depuis quelques années, le développement du Technopôle de Château Gombert. Notons également deux zones franches urbaines dans les quartiers Nord de Marseille. La majorité des collèges de nos territoires d’intervention dans le centre ville (13ème, 14ème,15ème et 16ème arrondissement) est classée en ZEP ou Ambition Réussite. Il n’y a pas ou peu de mixité sociale dans les établissements scolaires. Le découpage de la carte scolaire peut entraîner pour un collégien jusqu’à une heure de transport pour se rendre au collège.

Notons enfin que Marseille et sa région sont pris de passion pour le football et que l’entrée culturelle classique ne rencontre pas l’adhésion populaire. Un travail d’accompagnement des jeunes vers le domaine culturel s’avère donc nécessaire.

  • 221. B. Les petites communes Elles se caractérisent par un habitat pavillonnaire qui s’est développé dans les années 70 en même temps que se développait le secteur économique. Dans le centre ville des petites communes, des actions de réhabilitation luttent contre un habitat dégradé, voire insalubre. Une grande partie de la population est une population vieillissante. L’autre partie de la population relève d’une classe moyenne subissant souvent des phénomènes de surendettement (les logements sont difficilement accessibles surtout pour les jeunes) et souffrant des carences en matière d’infrastructures (surcoût en matière de transport par exemple). Ce sont des communes enclavées, isolées. Les réseaux de transport vers les villes moyennes dans lesquelles est regroupée la majorité des services publics sont insuffisants et le découpage administratif reste compliqué. Les inégalités d’accès aux différents dispositifs (formation, hébergement…) sont notables. L’éloignement des structures d’aide et d’insertion pénalise considérablement les publics en difficulté.

Aux alentours des petites communes vit une population rurale peu dense. Il est important de remarquer qu’il n’existe pas de dynamique de mixage entre les ruraux et les urbains. Nous constaterons également la présence sur certains territoires communaux (Port de Bouc, Arles …) d’une population gitane sédentarisée. Après une période de prospérité liée à l’agriculture, ces petites communes sont aujourd’hui en mutation : une activité agricole (production et commerce des produits locaux) en baisse, (1/3 des agriculteurs ont disparu en 10 ans) avec une économie de subsistance attirant une main d’œuvre peu qualifiée, parfois clandestine alors que l’activité touristique s’accroît et que les compétences arrivent de l’extérieur, notamment des grandes villes. Le milieu associatif est principalement tourné vers les activités festives et sportives. Néanmoins le pouvoir intégrateur de ces associations reste très faible. Le milieu associatif fait appel aux éducateurs seulement en cas de problèmes de comportements des jeunes et/ou des familles. Il s’agit de vieilles communes marquées essentiellement par une forte histoire traditionnelle, l’ouverture culturelle sur ces territoires est centrée sur les traditions locales.

  • 221. C. Les communes de moyenne importance D’une façon générale les particularités de ces territoires se caractérisent par une grande diversité qui peut aller jusqu’à la contradiction. Les équipes ADDAP13 y sont en contact plus direct avec les élus/décideurs locaux et l’intervention y est davantage modelée par l’expression de la volonté locale (indépendante par exemple de la couleur politique) liée à la personnalité du décideur, à ses priorités, à sa manière d’agir sur les déterminants (positifs ou négatifs) issus de l’histoire ou de la sociologie locale par exemple.

Le type d’habitat est caractéristique : il est composé par des habitations allant du vieux noyau villageois aux Cités HLM (hauts et bas immeubles) en passant par les zones pavillonnaires et les mixtes HLM/pavillons. Les noyaux villageois ou centres anciens changent de population à l’occasion d’opération de réhabilitation ; les lieux réhabilités étant investis par des catégories sociales plus aisées.

Les services publics s’organisent selon des découpages/éclatements, dans des logiques de bassin ou d’organisation interne à l’administration concernée (hors commune et parfois hors département). Ceci entraîne pour les habitants une contrainte de mobilité. Bien qu’insuffisants les modes de transports publics existent. On constate pourtant un recours massif au transport individuel même quand la réponse en termes de transport public existe. A de très rares exceptions, l’emploi local est limité (petit commerce et artisanat). On y trouve quelques opportunités d’emplois saisonniers liés aux activités agricoles. Les grandes Zones d’Activités et de Commerce recrutent peu localement et la plupart du temps sur des contrats précaires, et ce à proximité de quartiers à fort taux de chômage. Cela provoque un sentiment de frustration voire d’injustice pouvant expliquer certaines tensions locales qui vont parfois jusqu’à des actes de vandalismes. En matière d’école primaire et de collège le maillage est dense. On constate dans certains collèges l’absence de mixité sociale (les familles plus aisées optant pour l’enseignement privé ou cherchant à échapper à la carte scolaire). L’accès au lycée est plus complexe : les établissements offrant les options désirées sont parfois difficiles d’accès (distance/transport) ; l’information des familles ou des jeunes souvent insuffisante.

222. Risques identifiés sur les territoires

Les spécificités des territoires ainsi que les carences qu’ils peuvent produirent en matière d’infrastructure, de capacité d’intégration sociale, professionnelle ou culturelle, de logement, ainsi que les tensions sociales qui en découlent font émerger un certain nombre de risques face auquel l’ADDAP13 apporte des réponses sous la forme d’objectifs d’intervention et d’actions innovantes.

Les risques identifiés relèvent de six grands domaines :

  • Risque de perte de repères vis à vis des codes sociaux, règles et lois
  • Risques de violences
  • Risque de rupture des liens familiaux
  • Risque d’altération du lien social
  • Risques de dégradation de la santé physique et psychique des jeunes
  • Risques d’exclusion : mise à l’écart des jeunes des circuits socio-économiques de droit commun

2.3. Objectifs d’intervention

231. Les objectifs généraux

Les équipes de l’ADDAP13 ont défini plusieurs grands objectifs :

  • Relayer les politiques publiques
  • Permettre l’accès aux dispositifs de droit commun
  • Favoriser la paix sociale en prévenant les situations de violence individuelles et collectives
  • Permettre l’application du droit français dans le cadre familial
  • Prendre en compte l’environnement familial dans toutes ses composantes
  • Prévenir la rupture des liens familiaux en créant les conditions de vigilance adaptées à chaque famille
  • Soutenir les jeunes pour les aider à rester dans le circuit scolaire
  • Accompagner la déclinaison des politiques de santé
  • Participer à la protection des jeunes
  • Permettre aux jeunes d’accéder aux circuits économiques légaux
  • Faciliter l’accès à la qualification, à l’emploi
  • Restauration du lien social en créant un sentiment d’appartenance (notion d’acteur social)
  • Favoriser la reconnaissance sociale
  • Faciliter l’accès des jeunes à un rôle social
  • Aider à la reconnaissance du jeune en tant que citoyen à part entière

232. Les principes guidant l’action

Aller vers (Travail de rue) L’éducateur intervient sur un territoire géographique défini pour prévenir les inadaptations sociales. Pour ce faire, il rencontre les jeunes en difficultés et leurs familles et les appréhendent dans leur globalité. Il se doit donc de connaître le quartier (données démographiques, vie sociale, codes, représentations, enjeux, …) et d’être reconnu comme un adulte ressource professionnel. Ce travail n’est possible qu’en créant une relation de confiance qui peut devenir un projet éducatif librement consenti (accord partagé) individuel ou collectif. Ce qui se traduit par une présence régulière auprès des jeunes en des temps et lieux qu’ils occupent.

Cette connaissance des jeunes et de leur environnement permet également d’exercer une fonction de veille sociale, d’alerte et de participation à la construction des politiques publiques territoriales, mais aussi de développer des réponses innovantes aux besoins repérés, ce qui sous-tend une adaptation constante à l’évolution du territoire et de sa population.

Faire avec (Accompagnement Educatif Individualisé) En matière d’Accompagnement Educatif Individualisé, le mandat territorial confié par le Conseil Général, porte prioritairement sur les tranches d’âge qui concernent l’Aide Sociale à l’Enfance. L’Action Educative Individualisée repose alors sur une relation de confiance, librement consentie, entre éducateur et jeune ainsi que sur la connaissance des interactions avec son environnement (famille, quartier, école, institutions). Elle prend la forme d’un projet avec des objectifs éducatifs à atteindre. Pour faire évoluer la personne de façon positive, nous créons et utilisons des supports innovants (chantiers éducatifs, accompagnement au logement, projets redynamisants, etc.).

Agir pour Développement social local : (Action sur le milieu ) « Développer les actions collectives pour le mieux être des habitants demande des savoir-faire en développement social. » Les actions collectives ne naissent pas spontanément. Il faut un événement, une prise de conscience. Une mise en réseau pour que des habitants se retrouvent et se donnent des buts pour réaliser une action collective. C’est souvent à cette phase que les travailleurs sociaux et particulièrement les éducateurs en Prévention Spécialisée peuvent avoir un rôle déterminant, car ils sont à une place qui leur permet d’être à l’écoute des habitants et en capacité de susciter des synergies Les émergences d’actions collectives doivent être soutenues. Elles nécessitent un travail de réseau, un travail dans la complémentarité des missions :

  • Pour qu’une organisation locale formelle puisse advenir.
  • Pour soutenir les ressources des habitants et mettre en relation les détenteurs de ressources.
  • Pour créer des groupes d’échanges sur des intérêts communs et des intérêts contradictoires.
  • Pour aider à la prise de décisions.

Le but est de faire émerger des réseaux, des collectifs (jeunes, pères, mères, etc.) dans lesquels les personnes peuvent s’inscrire, y prendre des responsabilités, développer leurs compétences. Ce type de projet favorise les rencontres intergénérationnelles, les échanges de savoir, les solidarités. La mise en place, à partir de 1981, de dispositifs transversaux a abouti à la territorialisation du partenariat, à la contractualisation, à la notion de ’’discrimination positive’’ . . . Un des objectifs était la participation des citoyens. Force est de constater que les résultats sont peu importants dans ce domaine. Plus que la participation nous voulons avoir une pratique solidaire avec l’émergence de projets d’individus, de collectifs, de communautés quand ils sont au service du développement social de tous. Le sentiment et la réalité d’exclusion d’une partie de la population, la conviction de ne compter pour rien, renforcent les replis identitaires et communautaristes. Nous devons être très vigilants sur ces aspects, en tenir compte dans les pratiques. »

233. Les moyens mis en œuvre

a) Les partenaires

Les administrations Nationales, départementales, chargées de la santé, de l’Education, de l’Action Sociale, de la Jeunesse et des Sports, de la Protection Judiciaire, du logement, du travail. Les partenaires de proximité Travailleurs sociaux CAF, Département, Maisons de quartier, centres sociaux, Protection Judiciaire de la Jeunesse, bénévoles, salariés d’associations, HLM, Foyers Jeunes Travailleurs, associations.

Les partenaires des quartiers Associations de jeunes, de femmes, sportives, culturelles, de soutien scolaire…

b) Les actions de Prévention Spécialisée

La constitution du réseau ‘’jeunes’’ Il s’agit de créer du lien avec l’ensemble des jeunes dans les quartiers où nous intervenons. L’objectif est de les connaître et qu’ils nous connaissent. Le réseau jeunes s’est accru de près de 40 % depuis 2000. Son développement repose sur la présence des éducateurs appliquant l’un des fondamentaux de la Prévention Spécialisée « aller vers » : une pratique de travail de rue mais aussi des actions qui se sont développées comme par exemple les animations de "pied d’immeuble".

Les actions socio éducatives ponctuelles (ASEP) Il s’agit d’actes éducatifs ponctuels (rédaction de CV, courriers, gestion de conflits mineurs sur le plan familial) et ne nécessitant pas une relation éducative à long terme. Ce travail a pour but de désamorcer des difficultés mineures du jeune avant qu’elles ne s’aggravent et qu’elles n’hypothèquent de manière durable ses chances d’insertion.

Le projet éducatif individualisé (PEI) Le travail d’accompagnement éducatif individualisé est un axe fort de nos interventions. Il peut parfois prendre plusieurs mois. L’aggravation des problèmes de comportement sur le plan scolaire, judiciaire ou psychologique et la faiblesse des réponses en matière d’insertion sociale induisent un travail avec le jeune sur le long terme.

Le travail avec les familles Les rencontres avec les familles permettent de créer un lien durable avec le jeune pour mettre en place avec lui un projet. Il est alors possible de travailler sur des problématiques globales afin d’apporter un soutien plus pertinent. Au sein des familles, l’intervention des éducateurs peut contribuer à dédramatiser et désamorcer certaines tensions, faciliter le dialogue et permettre que soient reconnues la place et les attentes de chacun. Les familles sont aussi accompagnées à l’extérieur ; les démarches effectuées, les médiations et l’accompagnement des parents vers différentes structures ont pour objectif de les placer dans une position d’adultes responsables. La fonction relais de l’éducateur entre la famille, le jeune et la société civile prend tout son sens.

Actions éducatives et formation emploi

Les problèmes liés au comportement, à la sous qualification et aux phénomènes de discrimination à l’embauche sont les écueils majeurs à l’insertion professionnelle. La dégradation des situations de jeunes filles est sensible sur cette question. Le dispositif de formation soumis à une forme d’obligation de réussite, s’avère peu adapté aux jeunes les plus en difficulté. Cela nous oblige à développer nos propres outils d’insertion professionnelle : chantiers éducatifs, modules de remobilisation. Les chantiers éducatifs rémunérés sont des outils de remobilisation particulièrement intéressants. Ils permettent de mettre en situation de travail réel des jeunes éloignés de l’emploi en raison de leur comportement et de l’absence de qualification. Réaliser un chantier c’est s’astreindre à des horaires, à des consignes, à une vie en groupe. Les chantiers se déploient autour du second œuvre bâtiment, l’environnement, l’animation, le gardiennage.

Actions éducatives et scolarité

Les équipes éducatives se rapprochent des établissements scolaires et en particulier des collèges. Les actions de médiation conduites par les équipes sont nombreuses. Lorsque la rupture avec le milieu scolaire est consommée, le jeune a 60% de chance de ne plus réintégrer le cursus scolaire. Parmi les actions permettant le maintien en milieu scolaire, nous participons aux observatoires des ruptures, aux Equipes de Réussite Educative (ERE), à des dispositifs d’accueil d’élèves exclus... L’implication des parents est essentielle, elle est d’ailleurs systématiquement recherchée.

Actions éducatives et santé

En matière de santé, notre action s’effectue soit à partir d’accompagnements individualisés vers des praticiens ou des services de soins appropriés, soit à partir d’actions collectives (ateliers santé, journée prévention HIV…). Aucune activité sportive à l’ADDAP13 ne se fait sans autorisation médicale. C’est l’occasion pour nous d’effectuer un point sur cette question. Nous accompagnons l’orientation des jeunes vers les services de soins psychologiques car il s’agit d’une démarche difficile en raison de la réticence du public à l’égard de ce type d’intervenant mais aussi en raison de la faiblesse des moyens mis en œuvre dans ce domaine et de leur proximité sur les lieux de vie des jeunes lorsqu’ils existent.

Actions éducatives et justice

L’action éducative lors d’incarcération consiste à utiliser ce temps pour préparer à faire le point sur les raisons qui ont conduit le jeune en prison et à préparer la sortie : (emploi, formation, recherche d’avocat). Pour les jeunes suivis alors qu’ils sont sous mandat, il s’agit de suivis conjoints, les jeunes étant connus avant la mesure.

Actions éducatives et logement

C’est certainement la thématique la plus difficile à aborder dans la mesure où elle ne dépend pas seulement des capacités d’insertion du jeune. Le marché du logement s’est considérablement contracté et laisse peu de chance à notre public d’y accéder. Notre intervention en matière d’hébergement d’urgence et d’hébergement temporaire (CHRS) est surtout concentrée dans les centres villes de Marseille et d’Aix en Provence. Cela demeure un véritable "casse tête" pour les autres communes hors Marseille. Le recours aux campings fait partie de notre panoplie de solutions tout comme la chambre d’hôtel mais les moyens restent faibles au regard des besoins. Pourtant, il s’agit d’une passerelle très importante vers l’accès au droit commun et l’évaluation des besoins.

Actions éducatives et aides financières

La majorité des aides financières obtenues par les éducateurs pour les jeunes s’inscrivent dans le cadre d’un projet d’insertion (formation, logement…) soumis à l’avis d’un tiers (service ASE, missions Locales, CAF…). Les autres aides concernent des aides de dépannage comme par exemple des aides alimentaires ou vestimentaires. Dans tous les cas le travail des éducateurs consiste en priorité à orienter et éventuellement à accompagner le public vers le service compétent. Le recours à une aide de dépannage ADDAP13 reste exceptionnel ou d’urgence.

III. Le fonctionnement de l’établissement

3.2 La coordination des équipes

An niveau des services :

L’association est organisée en 7 services. Les personnels y sont affectés à des points de travail précis (voir le schéma d’implantation des équipes). L’encadrement du service se compose d’un Directeur, responsable du fonctionnement général du service et d’un Chef de service éducatif chargé d’animer le personnel éducatif. Chaque service organise une réunion d’équipe hebdomadaire qui peut être démultipliée quand l’équipe est importante ou quand les points de travail sont très éloignés.

Au niveau de l’ensemble de l’association :

Les directeurs se réunissent chaque lundi matin au siège social sous la houlette du Directeur Général et/ou du Directeur Général adjoint. L’ensemble des cadres (Directeurs et Chefs de services éducatifs) sont réunis une fois par mois.

3.3 Le développement des compétences

Le service formation, situé au siège social, met en place et assure l’exécution du plan de formation de l’association conformément aux dispositions légales. Les prestations de formation sont la plupart du temps le fait de sous-traitants (privés ou publics). En matière d’accueil et de mise en en place des nouveaux arrivants l’association à mis au point différents modules, déclinés en interne.

3.4 Suivi et moyens d’évaluation des prestations

En matière d’Action Educative :

Le système d’évaluation mis en place pour évaluer les prestations repose sur la confrontation entre un Projet d’Action Educative (PAE) mis en place par chaque service sur le secteur géographique qui lui incombe et le Bilan d’Action Educative (BAE) qui compile les informations de réalisation des projets permettant ainsi une mesure d’écart et un contrôle de pertinence des prestations servies. Le PAE comme le BAE sont soumis à l’approbation de notre financeur principal le Conseil Général qui en évalue l’opportunité et qui formule des prescriptions le cas échéant. A la lecture du BAE et en tenant compte des suggestions du financeur la direction de l’association produit un document d’‘‘Orientations Générales’’ qui va permettre à chaque service de produire un nouveau PAE pour l’année suivante. Pour produire ces documents les informations nécessaires sont de trois ordres (correspondants aux missions de la Prévention Spécialisée). En premier lieu, l’observation sociale et le travail de rue (Fiche mensuelle de travail de rue), vient ensuite l’accompagnement éducatif des jeunes qui constitue la part la plus importante (Fiche ‘Action Socio Educative Ponctuelle’ et ‘Projet Educatif Individualisé’) et enfin le développement social local et le partenariat (Fiches Actions et Suivi des partenariats). Toutes ces informations sont compilées dans chaque service, de façon anonyme et recueillies grâce à un document de ‘Recueil Statistique’. Ce document est accompagné de commentaires rédigés.

IV. Les perspectives à venir

4.1 Un devoir d’avenir

Le thème de l’insertion professionnelle soulève un certain nombre de questions concernant les difficultés des jeunes aujourd’hui. Nous réfléchissons à la conception d’un sas qui permette au jeune d’effectuer une transition efficace vers le monde du travail. Le CIVIS est peu accessible sur Marseille, il serait intéressant de développer des réponses adaptées comme par exemple un module d’accompagnement et de redynamisation qui représenterait à la fois un tremplin et une articulation avec d’autres dispositifs (chantiers éducatifs, etc.)

La prévention du décrochage scolaire, est également un thème sur lequel les équipes de l’ADDAP13 sont en train de réfléchir : il s’agira de développer les thématiques et les actions autour des séjours de rupture, autour de la médiation sociale.

Les conditions de vie du public féminin attirent particulièrement notre attention. Tous les indicateurs que nous possédons à ce jour nous laissent à penser que de graves difficultés tant sur le plan familial que social et économique frappent cette catégorie de population. Ces difficultés sont aggravées du fait que ce public (potentiel) se donne peu à voir sur l’espace public – lieu traditionnel de l’intervention de Prévention Spécialisée -. Les premières actions menées dans leur direction ont montré l’impérieuse nécessité d’agir.

Sur la question des jeunes de 18 ans qui sortent de foyer et de manière globale des dispositifs ASE, nous sommes en train d’engager une réflexion avec le Pôle Logement de l’établissement : la démarche est en cours.

L’ADDAP 13 souhaite s’ouvrir sur l’Europe et sur de nouveaux réseaux : apprentissage pour les jeunes de la langue anglaise. Il serait souhaitable d’utiliser les dispositifs européens afin de favoriser la mobilité des jeunes.

Consolidation des partenariats : l’établissement a mis en œuvre de nombreux espaces de paroles et d’échanges de pratiques entre associations, en appui sur le réseau CNLAPS. Nous souhaitons développer cette dynamique d’échanges et de production de plateformes méthodologiques d’intervention.

Par ailleurs, nous mobilisons le travail des équipes en vue de consolider le développement des liens structurés avec l’ensemble des acteurs de la protection de l’enfance : ASE, MECS, PJJ, AEMO…

Enfin, il nous semble important de développer les notions de respect de l’environnement au sein de nos projets éducatifs.