Le collectif de fonctionnaires Lorraine Data veut « donner à tous les citoyens les clés leur permettant une lecture critique des informations ».
Entretien avec M. Concialdi, un des auteurs
Quelles sont les différentes techniques utilisées pour « accommoder » les stats ?
- Ne retenir que ce qui arrange.
- Utiliser un « indicateur écran » :
par ex pour le pouvoir d’achat on focalise sur les prix mais on occulte l’évolution des revenus… pas de sens. - Changer la façon de compter en gardant le même indicateur en apparence :
ce qu’on a fait pour le chômage entre 05 & 07. - Faire dire à un chiffre ce qu’il ne dit pas : _ pour la délinquance, ils reflètent davantage l’activité d’enregistrement des actes délictueux que de l’évolution de la délinquance elle-même.
Vous parler de l’instauration du seuil de pauvreté « ancré dans le temps » (M. Hirsch)…
- Changement de l’indicateur : le taux de pauvreté est fixé à 60% du revenu médian et « ancré dans le temps » veut dire qu’on le fait évoluer pendant 5 ans en fonction du seul indice des prix qui sous-estime la hausse des prix réelle…
Vous parlez aussi de l’usage des moyennes…
S’agit-il de dénoncer le fonctionnement de la statistique publique ?
- Pas du tout. Mais il en faut un usage pertinent.
L’État affichant une culture de résultats, la question est-elle devenue plus sensible ?
- Cela peut expliquer une certaine pression.
Les propositions du CNIS (06/08) pour mesurer emploi, chômage et précarité ont-elles été suivies ?
- « Pas vraiment »
En janvier a été créée une Autorité de la statistique publique : est-ce que ça sera une aide ?
- Elle peut avoir une utilité mais l’indépendance « se construit dans la durée », elle ne se décrète pas.
Lorraine Data - Ed. La Découverte - 182 p. – 13 €, table des matières consultable sur le site de l’éditeur