Entretien avec M. Damon, sociologue
Quel est le contexte de ce rapport ?
C’est une commande de Mme Boutin pour élargir la vision car cette question s’européanise : conférence de consensus notamment en 2010.
Comment évolue le nb de sans-abri en Europe ?
Aucun chiffre global disponible même si des Etats ont des stats.
Pas de définition juridique partagée : la FEANTSA a élaboré une typologie qui pourrait être utilisée pour collecter des données.
Quelles sources avons-nous en France ?
Nous manquons d’outils de mesure. Enquête Insee 2001, recensement, et des travaux sur des sujets connexes : par ex beaucoup de Français craignent de se trouver sans-abri : question présente dans le débat public et perçue comme conséquence de facteurs structurels (chômage…) et non personnels (drogue..) + chômage élevé .
Que retirez-vous de la comparaison avec les politiques de prise en charge en UE ?
- Le sans-abrisme n’est pas propre à la France.
- En France on demande des moyens mais sans collecte de données ni objectifs chiffrés, il n’y pas d’efficience réelle. C’est la principale carence française.
Il faut vaincre les réticences face aux objectifs chiffrés (cf. lutte contre la pauvreté).
Mais quand Mme Boutin a parlé d’hébergement obligatoire il y a eu une polémique….
Tenir compte de la polémique mais sans angélisme ! Ces personnes sont en danger.
Les systèmes de prises en charge sont divers en Europe : où se situe la France ?
Il y a des critères : budgets spécifiques, objectifs de résultat, stats… : en France coercition et criminalisation très faibles et politique très centralisée (ailleurs souvent très locale).
Vous préconisez une décentralisation mais n’y-a-t-il pas des risques d’inégalités ?
- « Elle sont déjà considérables » et sans mesure des résultats. Les résultats sont meilleurs dans les petits Etats.
- Proposition : « les grandes métropoles à la tête de ce dossier sous impulsion nationale » & évaluation (donner l’évolution du nb de sans-abri par rapport aux fonds attribués).
La France dépenserait beaucoup pour peu de résultats….
Un des pays qui dépensent le plus… avec chaque année la même polémique : il faut des objectifs clairs et partagés.
Les sommes allouées devraient permettre de contenir la situation.
Pourrions-nous nous inspirer de certains dispositifs de prise en charge ?
- Belgique : prime d’installation quand les personnes passent du centre d’hébergement au logement ;
- Danemark « maisons atypiques pour existences atypiques » (compromis entre foyer & autonomie)..
La problématique migratoire est centrale ?....
- L’Europe est un espace de libre circulation mais « rien n’est fait pour les pauvres en errance ».
- Je propose des standards européens minimaux de qualité de service (limiterait les mouvements)
- et une Agence européenne en charge de la question.
Vous recommandez stratégie « logement d’abord ».
- 20 à 30 % des résidents de CHRS pourraient vivre en logement : devraient être prioritaires dans le parc social dont la vocation doit être repensée.
- Il y a un mouvement européen en faveur de la reconnaissance de ce droit (cf. DALO en 2012).
Vous proposez de rationaliser l’offre en 3 étapes urgence, CHRS et résidence alternatives. ??
- Trop de sources de financements et de modes d’hébergement…
- 1 ligne budgétaire et 1 format juridique par « étage » réduirait la bureaucratie.
Cela n’empêcherait pas des adaptations.
Qu’attendez-vous de ce rapport ?
Une prise de conscience de la diversité européenne.
Mme Boutin invite les assoc à faire part de leurs observations et annoncera des mesures d’ici à un mois à partir de leurs suggestions.
Rapport consultable sur le site de la documentation française
L’occasion de rappeler l’existence du Guide des dispositifs d’hébergement et de logement adapté disponible sur le site du CNLE