Entretien avec M. Milburn, sociologue - CNRS
 L’évolution de la justice des mineurs suite celle de la société en général.
- Au 19°, organisation sociale fondée sur la discipline et prise en charge disciplinaire des mineurs délinquants ;
 - aujourd’hui prévaut l’organisation autour de la responsabilité individuelle.
 
 Quelles sont les 3 grandes époques que vous identifiez ?
- Lois 1810 & 1850 : redresser les mineurs (maisons de correction), « correction disciplinaire ».
 - Années 1930 à ords. 45 & 58 : acte délictueux vu comme symptôme d’un pb ; il s’agit d’adapter le jeune à une norme (« paternalisme clinique »).
 - Depuis les années 1980 :montée en charge de la « responsabilisation personnelle ».
 
 « Vulnérabilité-responsabilité », emblématique de la justice des mineurs d’aujourd’hui ?
- On confie la protection de l’enfance aux CG et la PJJ doit se cantonner au pénal.
 - On opère le même clivage pour les politiques sociales : personnes en difficultés, soit vulnérables (RMI : allocation), soit responsables (RMI :contrat d’insertion)
 
 Les lois Perben 02 & 04 ont-elles été un tournant ?
- Pas une rupture mais consacrent « une conception répressive de la responsabilité », qu’illustrent à nouveau les propositions commission Varinard.
 - Les « mesures éducatives » s’appellent désormais « sanctions éducatives » : mais quelle est la traduction de la sanction en terme pédagogique ?, et comment vont procéder les éducateurs PJJ ?
 
 Quelle est la situation de la France par rapport à celle des autres pays européens ?
-  Plutôt dans les normes au niveau des textes, la priorité est plutôt accordée à la responsabilité.
En Grande-Bretagne, où les textes ont été durcis, il y a cependant des approches très pragmatiques. 
 La logique de l’éducabilité peut-elle résister à la pression des politiques sécuritaires ?
- Dans les CEF, la fugue devient un délit… les risques de dérive existent.
 - Le primat à l’éducation peut survivre à travers les pratiques des travailleurs sociaux et des juges.
 - Et si on va trop loin vers la sanction, on en percevra les limites : la délinquance ne diminuera pas, et on aboutira à des situations explosives (CEF, prisons…). Alors on sera sans doute obligé de revenir un peu en arrière.
 
- « La boîte à idées » est du côté des acteurs de terrain : il faudrait les écouter.
 
  Quelle justice pour les mineurs ? entre jeunesse menacée et adolescence menaçante  
Ed. érès –  col. Trajets - 238 p. – 23 €

