Un entretien avec M. Lapeyronnie sur « le ghetto »

09 074 – ASH – 30/01/09 – pp. 34-35
:) :)
Magnifique !! voilà vous regardez, vous voyez, vous vous énervez peut-être aussi !! nous n’avons pas traité ce qui l’était déjà dans Sortie du mois de septembre
  • On refusait d’appliquer ce terme aux quartiers en difficulté : conviction que le modèle français la ségrégation n’était pas raciale comme aux USA.
    Mais dans le quartier où j’ai enquêté plus de 80 % de la population est d’origine africaine ou maghrébine, et il y a 2 fois plus de chômage que dans la moyenne nationale. « Cette concentration a fini par fabriquer un mode de vie particulier que j’appelle le ghetto ». Je désigne par là « un ensemble de conduites sociales fabriquées collectivement dans un espace territorialisé qui n’est cependant jamais complètement fermé ».
  • Ambivalence : « cage et cocon »
  • Ces populations se replient sur ce qui leur reste : les formes très traditionnelles de rôles sociaux.
    Forte contrainte collective, qui pèse lourdement sur les femmes
    « Le racisme de type colonial » enferme les hommes dans une identité raciale (et sexuelle, négative) et tend à favoriser l’émancipation des femmes.
    Par ex les boîtes de nuit acceptent les filles mais refusent les garçons.
    Les hommes se définissent comme futurs pères et les femmes sont vierges ou putains.
    Modèle patriarcal sauvegarde un peu la dignité des hommes.
    Tensions très fortes, notamment entre femmes.
  • Le travail social est-il encore possible dans le ghetto ?
    Le travail social échange des normes contre une promesse d’insertion… mais plus grand-chose à offrir… perte de crédibilité.
    Relations instrumentales où chacun fait semblant : d’adhérer aux normes (contre aides immédiates) et d’être en capacité d’améliorer les situations mais plus personne n’y croit.
    Cela explique le rapport distant, voire agressif, envers les institutions.
  • Pensez-vous qu’il y ait eu une désir politique dans les émeutes de 2005, et que les ghettos puissent générer une expression politique ?
    Les émeutiers de 2005 n’étaient pas des militants mais on les a cantonnés dans la délinquance… et ce n’était pas la réalité.
    Je ne crois pas beaucoup au ghetto comme base d’une construction collective positive. _ Et il y a une absence de relais pour prendre en charge les revendications.
    Alors on continue à produire de la violence collective.

Ghetto urbain. Ségrégation, violence, pauvreté en France aujourd’hui- Laffont – 22 €