Par M. Bouchereau, ES en AEMO
Le chemin des travailleurs sociaux est « souvent sinueux » : pratique, éthique, conviction, action…
Beaucoup de gens dissèquent notre profession : psychos, socios, philos, usagers.. ; mais au quotidien ce sont les travailleurs sociaux qui y sont, dans les moments douloureux (placements...).
Personnellement j’ai « un cadre (le droit comme tiers), une analyse (la complexité comme garantie) et une action (l’implication comme éthique) » : explicitons ce dernier point.
L’intervention sociale est une praxis (cf. Morin) : productions à partir d’une compétence et vise au changement chez l’autre (et non pas de l’autre).
Différents visages : des origines caritatives à la professionnalisation, oscille de la spontanéité des sentiments à la figure du technicien.
Je ne choisis pas entre les deux : ma 3° posture est celle de « l’implication émotionnelle critique ».
Efficacité de l’acte professionnel assurée par le lien entre engagement assumé auprès des usagers et compréhension théorique de cet engagement : « apprendre en faisant, faire en comprenant ».
Sans lien rien n’est possible.
Ne plus analyser l’autre comme étant radicalement différent ; il s’inscrit dans « une dynamique dont nous faisons partie ».
« L’activisme charitable et bienveillant ou le professionnalisme neutre et aseptisé abritent souvent les deux facettes d’une même logique où aider l’autre est un moyen plus ou moins conscient de s’en différencier »
Or il ne faudrait pas grand-chose parfois pour que les places soient inversées, entre eux et nous.
Le respect de l’autre passe par des « petites choses » (offrir un café peut être important pour un usager « je ne suis donc pas nul »).
Paul Ricœur parlait d’une éthique qui « défend jusqu’au bout cette capacité d’échange dans le donner-recevoir »
In L’éthique entre le mal et le pire que l’on peut consulter sur le site du Fonds Ricoeur