« Il n’y a pas de fatalité »

08 721 – ASH 26/12/08 – p. 31-32
:) :)
En novembre nous recommandions de méditer l’appel à l’adaptation de M. Loubat ; aujourd’hui on vous incite à repartir de l’analyse de la situation… sans pour autant renoncer à des changements sur vous-mêmes. C’est intéressant.

Par M. Savignat, maître de conférences (économie et stratégies d’entreprises ) et membre du conseil scientifique de l’ANESM

Il s’agit d’une réponse à « Sommes- nous préparés à l’inventivité »

Les propositions ne sont pas inintéressantes mais elles s’appuient sur des éléments présentés comme des évidences et qui sont plus complexes.

  • Nous rentrons plus tard dans la vie active et en sortons très tôt : pas irréversible, surtout pour le faible taux d’emploi des seniors. Ce fut un choix…
  • La part relative des actifs va en diminuant par rapport à celle des personnes « dépensières » : il y a des marges ; comptent aussi la productivité du travail (forte et en amélioration en France) et la répartition de la richesse produite.
  • Chômage structurel (…) aucune chance de faiblir : il y a des exemples de réduction du chômage ; reste à les analyser. Mais le fatalisme n’est pas justifié.
  • Les dépenses de santé vont exploser : oui elles augmentent plus vite que le PIB ; mais on peut réfléchir à en limiter quelques unes.
  • Le besoin en action sociale augmente aussi … elle doit faire face à des problématiques de plus en plus importantes : c’est le cœur du problème. Depuis les années 70, modifications dans l’économie : mondialisation, financiarisation.. mais ce sont des choix qui ont abouti à la « dérégulation » ; lois… A ce titre, la fragilisation de la cohésion sociale (école..) n’est pas un imparable phénomène.
    On demande à l’action sociale de réparer (masquer ?) les dégâts sociaux des politiques mises en place (en maîtrisant les coûts).
    « La question centrale est de savoir jusqu’où une logique palliative est tenable » : jusqu’où peut-on colmater les brèches sans s’attaquer au système (école, emploi, logement…) ?
  • Fragilisation de la structure familiale : il y a des évolutions, elles ont des causes. Pas de fatalité.

Bien sûr des adaptations sont nécessaires. Mais il faut « une analyse sérieuse de la réalité ».
Il faut combattre le corporatisme, la culture du « toujours plus » c’est vrai.
Mais attention à la pensée unique induisant qu’un seul type de solution est possible (et contribuant à nourrir des visions « technocratiques »).
Le secteur doit se remettre en question et être inventif « mais aussi (re)trouver sa capacité d’interpellation. Les pouvoirs publics, les décideurs, ont une responsabilité dans la situation présente dont il ne faudrait pas les exonérer trop vite ».

C’est à un projet de société qu’appellent les questions qui nous traversent.

Contact : pierre.savignat@laposte.net