Ecole et prévention spécialisée : un dossier

Lien Social n° 897 – 18/09/08 – pp. 10-15 - 08 473
:) :)  ?
C’est un beau dossier qui d’après nous reprend l’essentiel de cette question et donne l’occasion de se replonger le cas échéant dans le rapport du CTP. M. Ott s’engage comme d’habitude, et sur une ligne où vous vous retrouverez. C’est à lire.

Les exemples de partenariat se multiplient entre institution scolaire et équipes de prévention spécialisée : le CTPS y a consacré un rapport
(Voir numéro d’avril 2008 et/ou consulter sur le site de la réforme de la protection de l’enfance)

Intérêt réciproque
Réponse à une situation dégradée dans ces collèges : violence, fin des emplois jeunes, absentéisme, difficulté à mobiliser les familles…
« Les éducs ont besoin d’avoir un pied dans l’école puisque c’est en partie là que se situent les pbs » (M. Frappani, CSE Paris)
Et ils apportent à l’EN leur connaissance du quartier, des familles, de la vie des jeunes.
Partenariats sur mesure
Prennent des formes très variées qui sont issues de rencontres éducateurs / enseignants / problématique.
Avec des résultats notables en terme de climat, déscolarisation, liens avec familles…
Les limites : réticences possibles du côté de la PS.
«  Peut être pertinent « à condition de bien délimiter le rôle » des éducs (M. Berlioz consultant CRESS) ; éviter les rivalités (avec service social ou équipe pédagogique EN) (Mme Bordet, socio)
Educs peuvent exiger que les élèves soient libres de participer ou non à ce qu’ils mettent en place. Ecueil : ne pas perdre la confiance des jeunes M. Berlioz  : « la rue doit rester le principal terrain d’action des éducateurs » ; c’est cette connaissance qui les rend précieux (Mme Bordet) Ils ne doivent pas non plus devenir LA solution pour pallier le manque de moyens dans les collèges.
CTPS : « le but n’est pas de modéliser [ce type d’initiatives] mais on peut favoriser les conditions de ce partenariat » ; il faut laisser « entière autonomie » à ces initiatives et y sensibiliser les pouvoirs publics. Le rapport du CTPS ne préconise aucun moyen sup préconisé pour cette nouvelle mission.

Entretien avec M. Laurent Ott, éducateur et docteur en philosophie
Les relations éducateurs / établissements scolaires semblent avoir toujours été délicates. ??
Beaucoup d’éducs ont de mauvais souvenirs de l’école, ce qui n’est pas le cas des enseignants, et ressentent une image péjorative de leur intervention.
Ils ont l’impression de travailler avec des enfants que l’école rejette : tendance à « coller » au vécu de leur public.
Comment concilier principes fondateurs de la PS et intervention en milieu scolaire ?
Cette présence peut permettre de nouer des contacts que l’on développera ailleurs…. S’il ne s’agit pas de donner bonne conscience au collège…
« Ce qui est déterminant c’est l’ouverture des enseignants vers les éducs et la possibilité de sortir du schéma de l’intervention réservée à des élèves ciblés »
Il ne faut pas devenir un gadget pour parents inquiets ou administration qui exclura d’autant plus que la PS est là pour récupérer la situation.
Quelle perspectives en terme de partenariat ?
L’école demande souvent ce qu’on peut faire pour elle au lieu de poser ce qu’on peut faire ensemble .
Les enseignants sont surpris d’entendre que « le but de l’école pourrait être autre chose que l’école elle-même » ou qu’on pourrait se demander ce que tel ou tel enfant peut apporter à l’école.
« La prise en compte des difficultés sociales par l’institution scolaire reste ambiguë : (…) social perçu comme une sorte de parasite de la mission scolaire ». Pas intégré dans le projet pédagogique.
Pourquoi ne pas le voir comme une chance de « dépoussiérer des méthodes .. qui ne font plus leurs preuves » ?
Volonté politique réelle de décloisonner ces deux institutions ?
« On peut douter d’une réelle ouverture de l’école [sur] une approche éducative qui prendrait enfin en compte la globalité du développement de l’enfant »
Orientation actuelle : plutôt une mise à disposition d’un panel de métiers autour de l’école (médiateurs, animateurs…)
La politique de réussite éducative (loi égalité des chances) est très ciblée sur des individus repérés comme en difficulté : objectifs à court terme sans recherche sur le sens du problème.
Pas grand-chose à voir avec l’éducation spécialisée.
Le risque : « mettre en œuvre des programmes « qui se disent de prévention et d’éducation mais sont là pour colmater (…) et maquiller » des pratiques d’exclusion.

Exemple : collège Sonia-Delaunay (Paris) avec groupes de parole animés par le club du Canal
Depuis 2 ans, groupes de parole libre à l’heure du déjeuner et dans le cadre d’un dispositif de remobilisation scolaire (DSA).
Le collège était demandeur même s’il y avait des réticences (méconnaissance du métier).
Une convention a été signée, rappelant cadre de l’intervention et les principes de la PS.
Les jeunes abordent des sujets sensibles pour eux : « certains n’ont aucun autre lieu pour en parler » et 3 sont restés en contact avec le club.
«  Il faut bien maîtriser la dynamique de groupe (…) les éducs interviennent à 2 et ont une supervision sur ce travail  ».
Intervention centrée sur les élèves  : pas de lien avec les familles ni d’intervention des responsables de l’établissement.
Collège : « la présence d’autres adultes est structurante pour les élèves et nous avons besoin de collaborer avec des structures spécialisées : nous sommes très démunis en interne ».