Les internés du ghetto. Ethnographie des confrontations violentes dans une cité impopulaire
Ouvrage né d’un appel d’offres de l’INHESI.
- Analyser les interactions génératrices de violences dans les « quartiers », surtout entre jeunes et police.
- Enquête dans une ville moyenne ayant connu des événements violents en 2005 (couvre-feu 11 jours).
Les ados & jeunes adultes désignés « fauteurs de troubles » forment un groupe composite.
- Collégiens scolarisés dans le quartier : relations avec enseignants et intervenants sociaux.
- « Galériens » : jeunes adultes ayant souvent arrêté leurs études, sans emploi stable passant leur vie au pied des immeubles ; cherchent à fuir l’ennui.
- « Soldats du ghetto » (SDG) : les plus visibles, s’inspirent des gangs nord-américains ;
minorité bruyante et « racisée » à laquelle on a tendance à associer tous les jeunes du quartier.
Qu’appelez-vous les « pacificateurs indigènes » ?
- Les travailleur sociaux classiques sont absents ;
Vous avez aussi rencontré des policiers… Là aussi on découvre un univers composite :
- Unité territoriale de quartier : beaucoup de femmes et d’agents âgés « plutôt profil bas »
- Brigades CRS : 5 fourgons tournent de 21 h à 5 h depuis 2005, ce qui génère des tensions ; ils ne font que passer.
- BAC de jour : certains connaissent tout le monde et ils évitent les violences.
- BAC de nuit : plus jeunes ils ont affaire au public de nuit et sont souvent dans une relation ambivalente de provocation,
avec le passif de 2005 où des jeunes étaient prêts à les lyncher.
- Entre les jeunes et les forces de l’ordre, est à l’œuvre une déshumanisation réciproque produisant un cercle vicieux.
- S’il y a un zèle excessif dans les procédures policières par ex., il peut y avoir des violences très fortes.
- En 2005 ces tensions ont cristallisé : défoulement.
Comment déboucher sur de la reconnaissance ?
- Ne pas se contenter de pacifier des quartiers où « le monde extérieur est perçu comme froid et fermé (…) suppose une repolitisation (..) avec une reconnaissance sociale de leurs habitants et de leur capacité à coproduire la société »
- écoles, police de proximité… des moyens.
Dans ce processus, les intervenants sociaux classiques ont-ils encore leur place ?
- « Pour le moment en tout cas, ils ne l’ont plus.
- Pour réhabiliter le travail social dans ces quartiers je plaide pour que l’on permette aux pacificateurs indigènes d’accéder à des qualifications professionnelles du travail social. (…)
- Les travailleurs sociaux déjà qualifiés doivent reconflictualiser leur rapport au travail social et défendre ses valeurs intrinsèques, en particulier la croyance dans la transformation sociale en refusant les injonctions paradoxales. »
- Construire avec ces populations des actions émancipatrices pour qu’elles accèdent à une réelle citoyenneté
Préface par Didier Lapeyronnie
- Ed. L’Harmattan – 424 p. - 38 €