Un chercheur lance le débat sur l’impact de l’immigration dans les quartiers ghettoïsés

10/7/589 –15/09/10 - Le Monde 14/09/10
:) :)  ?
Cela nous choque certainement mais nous profitons de l’occasion pour vous proposer les termes d’un débat dont nous sommes convaincus que nous ne pourrons pas très longtemps l’esquiver

Jean-Hugues Lagrange - Le déni des cultures

Ce sociologue (CNRS) s’appuie sur plusieurs années d’étude dans des quartiers sensibles de grande banlieue parisienne (Mantes la Jolie…).

- Il a rassemblé des données scolaires et familiales individuelles sur plus de 4 000 ados de 99 à 2006 et les a croisées ensuite avec les fichiers judiciaires.

  • Fait état d’un « surcroît d’inconduites des jeunes Noirs » en termes de résultats scolaires, absentéisme ou « mises en cause  » par la police.

- Il écarte une explication liée aux contrôles au faciès

  • parce que les écarts son identiques à l’école, peu suspecte de racisme et y compris dans les copies anonymes du brevet.

- «  La tradition de recherche sociologique en France, influencée par l’idiome politique d’un pays qui rejette tout distinction d’origine culturelle, a conduit à contourner cette lecture  ».

- Le contexte de vie dans les quartiers d’habitat social et les « pratiques éducatives des familles (...) pèsent sur l’acquisition des bases de la langue, de la numération et des premiers éléments de géométrie ».

  • Il ne parle pas de l’immigration en général mais cherche à comprendre les différences selon les origines en termes de socialisation, modèles … : les jeunes originaires des pays du Sahel auraient plus de difficultés que ceux du golfe de Guinée…

- Les migrants qualifiés sont partis peu à peu et les Africains se trouvent dans des quartiers ghettoïsés : ils sont pauvres, sans bagage scolaire et un modèle de « domination masculine  » très forte.

  • « Le caractère le plus prédictif de la réussite scolaire reste le niveau culturel de la mère et son insertion professionnelle ».

- La ségrégation urbaine est un facteur majeur

  • manque « d’émulation sociale et de modèle éducatif » ;
  • favorise une forme de régression « traditionaliste » qui entre en collision avec les modèles républiques
  • et provoque un rejet de la société française en retour.

- Il faut reconnaître les minorités : « tenir compte du nouveau visage de la société française »

- « Je suis complètement en désaccord avec la politique actuelle d’hostilité vis-à-vis des migrants (…)

  • l’intégration est possible mais il faut utiliser les bons leviers et accepter les différences (…)
  • je ne parle pas d’ethnie ou de races, je parle des origines culturelles (…)
  • cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas une dimension sociale, elle est évidemment centrale ».
  • « Les femmes sont un levier de transformation (…) on gaspille un capital éducatif considérable en s’abstenant de les soutenir »

- Le Seuil – 350 p. – 20€

Encore beaucoup de frilosité en France à aborder les questions sous cet angle


- «  ll y a toujours eu la crainte d’apporter de l’eau au moulin du Front national »
dit Sébastien Rocher.

-  A noter  :

  • le Parlement européen défend l’insertion sociale des femmes appartenant à des minorités ethniques
  • (rapport -A7-0221/2010).