Vous analysez l’usage du mot « peuple » depuis le XVIIIe siècle….
- Au début du XVIIIe, le peuple n’a pas d’existence en lui-même, on se le représente négativement (vagabonds, gueux…)
- « la pauvreté est conçue comme une base naturelle, et non une cause sociale » : vision naturalisante, essentialisante.
- A partir de 1750 émerge une vision sentimentale avec des stéréotypes positifs (exceptions)
- Puis à partir de 1770 économistes et philosophes posent la question ce de que l’on doit à ce peuple qui se manifeste (émeutes) : début d’une « démarche empiriste qui préfigure les futures sciences sociales », on observe le peuple (Diderot).
- Ensuite « les combats de la Révolution donneront corps à l’idée même de peuple ».
Et on en reviendrait à une vision naturalisante ?
- Comme au XVIIIe insécurité sociale (travailleurs « inutiles »), mobilité faible et diversification des statuts : plus de classe populaire unique.
- Et focalisation sur des catégories négatives : immigrés, jeunes banlieue, sans-abri, etc.
- On relie de plus en plus les difficultés des gens des catégories populaires à s’en sortir à l’individu, ce qui fait croire que la méritocratie fonctionne encore.
- On en revient aux stéréotypes positifs… dont le caractère exceptionnel renforce la stigmatisation qui pèse sur la majorité….
- De même la loi de 2005 permettant de garder en prison au-delà de la peine pour cause de dangerosité traduit « un recul de l’empirisme » : la police ce l’Ancien Régime ne traitait pas les justiciables « sur des faits mais sur des atteintes possibles à la sûreté publique »…
Peut-on échapper à ces phénomènes en tant que travailleur social ?
- « Un travailleur social sait qu’il ne faut pas assigner les gens à ce qu’ils sont au moment où il les rencontre. (…) Le libéralisme prétend coller au réel, alors que, en réalité, il passe directement du constat à la conclusion »
La nature du peuple– Ed. Champ Vallon - 448 p – 27 €
- Sommaire détaillé sur le site de l’éditeur