ASH du 11 juin 2010

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:) :)  ?
Regards croisés, à lire attentivement et nous parlons à nouveau de Luc Bronner car ces deux livres semblent se contredire aussi sur certains points… c’est toujours fructueux. Ces questions sont très complexes : angélisme, défaitisme, les pièges sont connus... mais pour autant difficiles à éviter.

Les pauvres préfèrent la banlieue

Entretien avec M. Liebig, ES, CSE en prévention spécialisée dans le 93. (p. 42-43)

- Les habitants des quartiers sensibles, notamment les jeunes, seraient perçus comme autrefois les peuples colonisés…

  • Le regard que l’on porte sur eux, et que portent aussi les travailleurs sociaux,
  • est « très souvent pollué par une analyse ethnologique à la petite semaine » ; on ethnicise leur comportement.

- Les médias n’échappent pas à cette règle…

  • On attend qu’il ritualisent les événements « comme le ferait le bon sauvage à la saison des pluies  » émeutes de 2005…
  • et on crée de la tension.

- On les réduit à quelques stéréotypes ?

  • Quelques jeunes que l’on repère dès l’école et qu’il suffirait de chasser pour que tout aille mieux.
  • Mais bien sûr cela ne fonctionne pas ainsi ; et « on ne leur offre que très peu de choix »

- La violence ne correspond-elle pas à une réalité ?

  • « Les chiffres montrent une misère grandissante » et bien sûr il y a de la délinquance.
  • « Mais ce qui m’intéresse, c’est le regard que l’on porte sur cette violence  », on l’interprète.
  • Tout le monde est persuadé de la réalité de ce schéma, « c’est bien pire »

- Certains affirment que les ados ont pris le pouvoir dans les quartiers.

  • « Éducateur depuis plus de 30 ans, ça je ne l’ai jamais vu. »
  • On se sent agressé dès qu’on voit ces jeunes et parfois ils « surjouent ce rôle ».

- Le « deal » est-ce aussi une construction ?

  • Non il existe et c’est une « économie de survie ».

- Vous êtes très critiques sur la visons des femmes en banlieue…

  • « Ce sont elles qui s’en sortent le mieux (…) les voir comme des victimes est une énorme erreur.
  • « Le grand frère qui interdit à sa sœur de sortir (…) joue surtout un jeu social » il ne veut pas mettre en danger sa propre image.
  • Et à l’extérieur ils n’obéissent plus à ces règles.

- Ces quartiers ont-ils un avenir ?

  • « J’en viens à me demander si les politiques (…) n’ont pas décidé d’abandonner ces quartiers (…) autant les sacrifier en les désignant comme l’ennemi intérieur »
  • L’école n’est plus un marqueur de réussite sociale, les jeunes le savent, de plus en plus d’abandons scolaires volontaires : cette désespérance est désespérante pour nous.

- Quel peut être le rôle d’un éducateur de prévention ?

  • Éviter la « guerre sociale  » ;
  • le quartier n’est-il pas le seul lieu où exister pour ces jeunes ? mais penser ainsi c’est « entériner l’existence d’une société coupée en deux »

- E. Liebig – Ed. Michalon – 192 p. – 16 €

La loi du ghetto. Enquête dans les banlieues françaises

- L’auteur est journaliste au Monde  : « la situation dans les quartiers n’a jamais cessé de se dégrader depuis 20 ans »

  • Travail d’enquête  : interviews… pour donner à voir une réalité toujours complexe.
  • « Bizness  » de survie, frontières invisibles, prise de pouvoir des quartiers par les jeunes et résignations des adultes…. souffrance sociale.
  • «  Inefficacité de la réponse policière et judiciaire (…) grande faiblesse de la politique de la ville » :
  • il faut parier sur les habitants eux-mêmes.

- Luc Bronner – Ed. Calmann-Lévy – 17 €