« Les inégalités spatiales tendent à se réduire »

09 783 – ASH – 27/11/09 – p. 40-41
:) :)   :(
Ne vous fiez pas au titre et lisez cet article qui dit très clairement des réalités complexes. Notamment sur la décentralisation et la réforme fiscale. Il ne présage pas un futur radieux non plus…

Entretien avec M. Davezies, économiste

- D’où vient le concept de « fracture spatiale » ?

  • Calqué sur la formule fracture sociale dont on pense qu’elle se double d’une fracture spatiale.
  • Mais depuis les années 60, les différences de revenu moyen par habitant se sont beaucoup réduites dans les Dpts, régions ou métropoles.

- Comment s’explique cette réduction ?

  • Des mécanismes fabriquent de la cohésion.
  1. L’emploi public par ex : sa croissance dépend du peuplement du territoire et non de sa richesse.
  2. Et les systèmes sociaux : effets de redistribution.

- Quelles sont les forces de déséquilibre ?

  • La question de la compétitivité.
  • La France se développe dans les secteurs de haute valeur ajoutée : l’emploi se concentre dans les métropoles au détriment des réservoirs d’emplois de faible qualification (industries…).
  • Encore compensé par « les forces de cohésion »
  • « Il y a de moins en moins de rapport entre la richesse produite par un territoire et son revenu par habitant ».
    Traitements des fonctionnaires, retraites, minima sociaux, prestations sociales sont l’essentiel des revenus d’un grand territoire : part liée à la productivité de plus en plus réduite.

- Mais pour bénéficier d’effets redistributifs, il faut bien produire de la richesse.

  • « On redistribue plus qu’on ne produit » : endettement public, comme dans tous les pays industriels.

- Mais la fracture spatiale se creuse à un niveau plus fin, entre les quartiers et les communes….

  • On a détruit des emplois masculins et faiblement qualifiés et recréé des emplois surtout féminins, plus qualifiés et fortement publics :
    compensation équilibrée à l’échelle des grands territoires mais mal répartie entre les quartiers.
  • Écart entre la classe moyenne (2° emploi), et les ménages modestes (chômage) .
  • Mouvements de populations et ségrégations socio-spatiales avec inégalités de proximité.

- La poursuite de la décentralisation peut-elle remettre en cause les équilibres actuels ?

  • En soi elle ne pose pas pb, mais demande de la coopération entre territoires et aujourd’hui nous sommes « sur le mode de la rivalité ».
  • Si la fiscalité locale ne repose plus sur la création de richesses (entreprises) mais sur les ménages, « risque de précipiter la tentation territoriale du chacun-pour-soi » : attitrer les riches et surtout pas les pauvres…

-  La République et ses territoires. La circulation invisible des richesses –
Seuil 2008 – 10,50 €