Entretien avec M. Servet, membre du centre européen de recherche en microfinance
Comment peut-on définir la microfinance ?
- C’est un « ensemble de services financiers [dont] la gamme est extrêmement large » même si on pense surtout au micro-crédit.
- Mais pas une masse considérable : 4 milliards de dollars par an…
Depuis quand s’y intéresse-t-on en Europe ?
- Fournir des services financiers à des populations qui en sont privées est très ancien (monts-de-piété du Moyen-âge par ex), au XIX° on y repense (débouche sur la création du Crédit mutuel).
- En France la création de l’ACCRE constitue un tournant : les chômeurs peu qualifiés s’en emparent et depuis les années 80, la microfinance fait partie des politiques de l’emploi.
Quels outils et dispositifs recouvre-t-elle ?
- En Europe de l’ouest surtout le microcrédit qui aide à créer une activité pro et plus récemment le microcrédit social (aider à un projet de vie : faire réparer une mobylette, remeubler un appart….).
Est-ce réellement efficace pour lutter contre la pauvreté ? Évolution novatrice ou pis-aller ?
- Efficace si le public est bien ciblé mais si on en fait une « solution », ça marchera moins bien et ce serait même risqué : c’est une question de juste mesure (pour l’instant plus de 2 millions de chômeurs et 13 000 microcrédits ADIE).
- Il faut réfléchir en terme de progrès social car il faut travailler longtemps pour rembourser et avec des salaires peu élevés…
La microfinance relève-t-elle d’une logique néolibérale ou solidaire ?
- Pas toujours à opposer : certaines structures de ce champ sont rentables alors qu’on peut se porter mal en s’adresser à un clientèle plus aisée.
- Mais prétendre en faire une solution générale se « situe dans une idéologie d’inspiration néolibérale » : si quelqu’un ferme sa micro entreprise pour rependre un emploi et est mieux payé, ce n’est pas un échec….
À quelles conditions peut-elle trouver sa place dans les dispositifs de lutte contre l’exclusion ?
- Il faut être « très vigilant sur les risques de surendettement » ;
- veiller au niveau des taux d’intérêt qui doit être soutenable :on ne peut pas le fixer de façon uniforme et il pourrait même être négatif (microcrédit social) ;
- l’accompagnement social est une nécessité dans de nbx cas : reste à savoir qui doit l’effectuer (organismes prêteurs ?). en France il fait souvent défaut.