« La microfinance ne remplacera pas les politiques de l’emploi »

09 409 – ASH 19/06/09 – pp. 42-43
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Très très intéressant parce qu’il donne les limites de la pratique et cela même trace les contours d’une réflexion plus large sur le progrès social.

Entretien avec M. Servet, membre du centre européen de recherche en microfinance

- Comment peut-on définir la microfinance ?

  • C’est un « ensemble de services financiers [dont] la gamme est extrêmement large » même si on pense surtout au micro-crédit.
  • Mais pas une masse considérable : 4 milliards de dollars par an…

- Depuis quand s’y intéresse-t-on en Europe ?

  • Fournir des services financiers à des populations qui en sont privées est très ancien (monts-de-piété du Moyen-âge par ex), au XIX° on y repense (débouche sur la création du Crédit mutuel).
  • En France la création de l’ACCRE constitue un tournant : les chômeurs peu qualifiés s’en emparent et depuis les années 80, la microfinance fait partie des politiques de l’emploi.

- Quels outils et dispositifs recouvre-t-elle ?

  • En Europe de l’ouest surtout le microcrédit qui aide à créer une activité pro et plus récemment le microcrédit social (aider à un projet de vie : faire réparer une mobylette, remeubler un appart….).

- Est-ce réellement efficace pour lutter contre la pauvreté ? Évolution novatrice ou pis-aller ?

  • Efficace si le public est bien ciblé mais si on en fait une « solution », ça marchera moins bien et ce serait même risqué : c’est une question de juste mesure (pour l’instant plus de 2 millions de chômeurs et 13 000 microcrédits ADIE).
  • Il faut réfléchir en terme de progrès social car il faut travailler longtemps pour rembourser et avec des salaires peu élevés…

- La microfinance relève-t-elle d’une logique néolibérale ou solidaire ?

  • Pas toujours à opposer : certaines structures de ce champ sont rentables alors qu’on peut se porter mal en s’adresser à un clientèle plus aisée.
  • Mais prétendre en faire une solution générale se « situe dans une idéologie d’inspiration néolibérale » : si quelqu’un ferme sa micro entreprise pour rependre un emploi et est mieux payé, ce n’est pas un échec….

- À quelles conditions peut-elle trouver sa place dans les dispositifs de lutte contre l’exclusion ?

  1. Il faut être « très vigilant sur les risques de surendettement » ;
  2. veiller au niveau des taux d’intérêt qui doit être soutenable :on ne peut pas le fixer de façon uniforme et il pourrait même être négatif (microcrédit social) ;
  3. l’accompagnement social est une nécessité dans de nbx cas : reste à savoir qui doit l’effectuer (organismes prêteurs ?). en France il fait souvent défaut.