Une histoire associative au cœur de l’histoire

La prévention spécialisée a été conçue dans la période de l’après-guerre par des novateurs qui ont fait le choix et le pari d’éduquer dans les milieux de vie plutôt que d’éloigner ou d’enfermer. Ils ont initié des expériences de prise en charge des jeunes les plus en difficulté, en situation de danger, et en risque de délinquance ou d’exclusion sociale. Ils ont mis à jour la nécessité d’être présents au quotidien dans l’environnement social du jeune et de bâtir l’accompagnement sur le principe de la libre adhésion au projet proposé.

En 1960, dans le département des Bouches-du-Rhône, l’administration, convaincue des effets positifs de l’action des Clubs de loisirs et de prévention, dans les quartiers, les incite à se fédérer de manière à se constituer en interlocuteur unique des pouvoirs publics. En juillet 1960, le Préfet des Bouches-du-Rhône signe avec une toute jeune Fédération des Clubs de loisirs et de prévention une première convention qui marque le début de l’organisation particulière et unifiée de la prévention spécialisée dans le département. La Fédération regroupe 24 clubs de loisirs et 10 clubs de prévention intervenant dans trois secteurs de Marseille (Marseille Centre, Marseille Sud, et Marseille Nord).

En 1967 la Fédération devient Fédération des Clubs et Équipes de prévention des Bouches-du-Rhône (FCEP) au motif que « l’intitulé faisant état des loisirs aussi bien que de prévention est susceptible de créer une fâcheuse confusion quant aux objectifs qu’elle poursuit » (assemblée générale extraordinaire de 1967). « Le rôle de ces adultes est fondamental. Ils sont un lien direct possible du jeune avec son quartier et sont susceptibles de rompre le cycle de rejet des jeunes par le quartier et de refus du quartier par le jeune » (assemblée générale de 1966). La fédération compte alors 29 éducateurs et 7 personnels administratifs.

En 1972, l’arrêté interministériel du 4 juillet a institutionnalisé l’œuvre des précurseurs et défini leur action éducative comme pratique d’action sociale, validant ainsi la valeur de la méthode de travail auprès des jeunes et le travail de rue.

Ce texte permettait d’obtenir des moyens financiers, mais s’accompagnait d’une exigence de technicité accrue et d’une obligation de professionnalisation. L’action est dénommée pour la première fois Prévention spécialisée. Article 5 : « Peuvent être agréés les organismes qui, implantés dans un milieu où les phénomènes d’inadaptation sociale sont particulièrement développés, ont pour objet de mener une action éducative tendant à faciliter une meilleure insertion sociale des jeunes, par des moyens spécifiques supposant notamment leur libre adhésion. Ces organismes doivent disposer d’une équipe de travailleurs sociaux expérimentés. »

L’arrêté est indissociable de ses huit circulaires d’application qui définissent plus précisément les modalités des actions individuelles et collectives visant à prévenir la marginalisation et à faciliter l’insertion ou la promotion sociale, des jeunes et des familles en difficulté ou en rupture avec leur milieu, dans les zones sensibles et dans les lieux où se manifestent des risques d’inadaptation sociale.

En février 1973, la Fédération des clubs et équipes de Prévention des Bouches-du-Rhône est agréée en qualité d’organisme de prévention. Son action s’étend désormais en dehors de Marseille.

En 1975 elle compte 97 salariés et se dote d’un Groupe de réflexion qui doit réfléchir aux missions et aux modalités de l’intervention. Il sera animé par Louis Dubouchet à partir de 1979.

1987, création de l’addap. L’essoufflement des Clubs conduit en 1987 à la création de l’Association départementale pour le développement des actions de prévention. Cette association unique pourra « définir d’une seule voix ses orientations et répondre à l’évolution constante des sollicitations des communes du département, au croisement de la commande publique et de la demande sociale » (bilan 1989). Elle gère un personnel qualifié par un diplôme d’état et est en mesure de produire les analyses techniques que réclame l’évolution de la situation sociale.

Dès 1988, un travail de recueil de données : le bilan annuel d’activité communique le nombre de jeunes connus, leurs tranches d’âge, leur situation scolaire et/ou professionnelle, et classe ses propres actions en treize catégories, secteur par secteur.
1999, autorisation de mener des chantiers : « Les associations de prévention spécialisée conventionnées avec les Conseils généraux peuvent organiser des chantiers éducatifs pour des jeunes en difficulté sociale et professionnelle » (circulaire 99/27 du 29 juin 1999).
Lutte contre l’échec scolaire, insertion professionnelle, santé, hébergement et développement social local sont les grandes orientations d’une action qui reste fondée sur le travail de rue et la présence sociale.

En 2000 l’addap devient addap13 pour affirmer et visibiliser sa compétence départementale.